Agence nationale de la Recherche
TETRAS Université de Lorraine, Fransgenre
Cet atelier en forme de discussion est à destination des personnes concernées pour discuter plus spécifiquement de la diversité de leurs parcours médicaux avant, pendant et après la transition.
Comme l’évoque le rapport de 2022 de la Haute Autorité de Santé sur les parcours de transition transgenres, les discriminations vécues par les personnes trans pour l’accès aux soins, concernent le parcours de transition ou la santé globale.
Les personnes isolées, voire en situation de grande précarité, rencontrent des obstacles accrus dans l’accès aux soins en raison de la complexité des démarches administratives, de l’opacité de l’information et des coûts restant à leur charge. L’éloignement des services de santé et les défis liés à l’accès aux parcours de transition peuvent inciter à des pratiques d’automédication. De plus, des tensions peuvent se manifester entre professionnel·les de santé et personnes concerné·es, que ce soit en matière de connaissances, de savoir-faire, ou encore dans la distinction entre l’expertise médicale et les choix individuels.
Concrètement, l’équipe médicale est confrontée à l’évaluation de critères à la fois non médicaux, liés à l’attrait stabilisé vers un genre, et médicaux, relatifs à d’éventuelles contre-indications, en vue de la prescription ou du refus de prescription d’une transition médicale. La transmission des connaissances liées aux personnes trans s’inscrit dans une histoire contemporaine marquée par une importante dépossession des savoirs.
Dans un objectif de démocratisation sanitaire, d’horizontalisation des savoirs et des pratiques dans le cadre médical, nous avons imaginé entre personnes concerné·es, sociologues et personnels médicaux un projet collaboratif (Ampartrans) afin de comprendre la diversité des parcours médicaux de transition au sein de deux régions : Grand-Est et Bourgogne Franche-Comté. Ces régions, frontalières et voisines, présentent une hétérogénéité significative en termes d’offre de soins pour les transitions et de dynamiques associatives qui nous permettra d’identifier les problèmes qui se présentent tant pour les personnes concerné·es que pour les personnels médicaux.
Intervenant·e·s :
Marie-Pierre JULIEN, MCF, sociologie et anthropologie, TETRAS, Université de Lorraine
Marie HERMANT, ingénieure d’étude, TETRAS, Université de Lorraine
Camille GELIN, Docteur Junior en Santé Publique, CHU de Dijon
Le projet AMPARTRANS
Dans un objectif de démocratisation sanitaire, d’horizontalisation des savoirs et des pratiques dans le cadre médical, la recherche participative Ampartrans permet à des personnes concernées, personnels de soin et sociologues de collaborer pour comprendre la diversité des parcours médicaux de transition au sein de deux régions : Grand-Est et Bourgogne Franche-Comté. Ces 2 régions présentent une hétérogénéité forte d'offres médicales et de dynamiques associatives.
Une première expérience au TURFU Festival
Ce premier atelier en Normandie avec des personnes trans nous a permis de présenter la recherche et d’éprouver cette diversité dans une région tierce à celle de la recherche. Une dizaine de participant·es ont partagé leurs expériences médicales en confiance. Il en ressort que chaque transition est unique et ce fait même bouscule les modèles référentiels médicaux.
Des parcours variés
Toutes les personnes ont témoigné d'un parcours de santé compliqué car trouver un·e médecin est difficile aujourd’hui et un·e médecin formé·e aux parcours de transition encore plus. Ils, elles, iels ont régulièrement dû changer de médecin du fait d’interactions peu respectueuses voire violentes (paroles / actes) ou d’un manque de connaissance dans le suivi trans qui entraîne soit un refus de prise en charge par le·a médecin (pour ne pas faire d’erreur), soit provoque de l’insécurité pour le·a patient·e.
La détention de nombreux savoirs expérientiels
Les personnes trans doivent donc se former continuellement sur le plan médical et faire constamment preuve de pédagogie. Cela conduit à une reconfiguration des relations de soins dans laquelle le savoir expérientiel des personnes trans est mobilisé par les soignant·es mais pas reconnu par l’institution médicale.
Des interrogations en suspens
Elles, ils, iels ont aussi interrogé le secret médical dans le cadre du partage d'information entre personnels de santé. Est-il nécessaire de dire leur transidentité pour se faire soigner une fracture du pied ?