CPIE Vallée de l'Orne , Territoires Pionniers
.Le changement climatique est déjà une réalité et impacte nos milieux de vie et nos pratiques. En tant qu’habitants de la Vallée de l’Orne comment pouvons nous nous adapter à ces changements en cours et préparer les bouleversements à venir ? Lors de cette atelier nous (Territoires Pionniers – Maison de l’architecture, CPIE- Vallée de l’Orne et Maël Trémaudan – Paysagiste et Urbaniste) aimerions débattre avec vous sur la création d’un outil partagé permettant d’expérimenter dès aujourd’hui notre adaptation aux changements climatiques en cours et à venir. Comment, en mutualisant nos forces, pouvons-nous lutter contre les causes et nous adapter à ses effets ?
Cet outil nous voulions l’appeler STATION CLIMAX.
Et parmi les outils possibles de ces stations on trouve la grainothèque. Son principe serait de créer une banque de graines vivante, locale et partagée. Plusieurs objectifs se cachent derrière cette initiative :
Permettre à la population de découvrir ou redécouvrir des variétés de légumes et des variétés alimentaires, oubliées ou peu cultivées, et très adaptées aux conditions pédoclimatiques de la Normandie (Bassin Parisien et Massif Armoricain).
Étendre cette banque en testant l’adaptation des graines anciennes et l’acclimatation de nouvelles variétés (plus méridionales) dans tout le bassin versant, et sous différentes conditions pédoclimatiques pour anticiper le changement climatique.
Installer une grainothèque issue de la culture annuelle, et non de conservation en congélation. Il nécessitera de mettre en place un protocole permettant de planter et tester dans un maximum d’endroits, et faire vivre les récoltes par des évènements en lien avec l’alimentation (restaurateurs, foires, marchés, ....).
Ce document présente la synthèse des deux ateliers qui qui se sont déroulés le 11 avril 2023 au Dôme, au TURFU Festival.
INTERVENANT·E·S :
Anaïs Provost-Govrich - CPIE Vallée de l’Orne
Vincent Saint-James - CPIE Vallée de l’Orne
Maël Trémaudan - Paysagiste & Urbaniste indépendant
Présentation du bassin versant de l’Orne
Maël de Territoires Pionniers présente le bassin versant de l’Orne aux côtés d’Anaïs et Vincent du CPIE Vallée de l’Orne. Il s’agit d’un territoire qui n’existe pas de façon administrative mais qui est pourtant d’une importance primordiale : chaque goutte d’eau qui tombe à l’intérieur de ses frontières finit dans l’Orne.En d’autres termes, tous ceux qui vivent dans le même bassin versant dépendent de la même eau !
Les enjeux climatiques
Cette dépendance à l’eau n’est qu’un des enjeux du dérèglement climatique. L’objectif de l’atelier est de réfléchir à la future implantation de trois stations climax sur le bassin, soit trois lieux d’expérimentation et de rencontre autour des enjeux climatiques.Dans chacune de ces stations, les participant·e·s vont également réfléchir à l’intégration d’une grainothèque : un réseau d’échange, de dépôt et d'emprunt de graines !
Raconter ses souvenirs sur le territoire
Quoi de mieux pour se familiariser avec le bassin versant de l’Orne que de se confronter à une bonne carte à l’ancienne ?Les participant·e·s s’arment de post-it et de gommettes pour nous raconter leurs lieux préférés, leur plus grande balade, ou encore les paysages les plus impactés par le changement climatique selon leur propre expérience : l’érosion du littoral et la modification du trait de côte ne sont pas passés inaperçus.
Répartition des sites en groupe
Les participant·e·s divisent ensuite les trois futurs sites d’implantations des stations climax : la Baie de Sallenelles, Caen et Saint-Rémy-sur-Orne.L’objectif : définir, pour chacune d’elle, une question centrale à tester et expérimenter avec les publics.
Les propositions fusent : et si la Baie de Sallenelles devenait un observatoire participatif de la biodiversité ? Et si on transformait le parking de la Mairie de Caen en jardin partagé ? Et si on dépolluait le sol de Saint-Rémy avec des plantes ?
Découvrir les grainothèques
Une fois cette première ébauche de Station Climax dessinée, les participant·e·s échangent avec Vincent, Maître Composteur et grainothécaire en devenir. Il nous apprend que la diversité génétique des espèces végétales est cruciale pour leur adaptation.Pourtant, un long processus de sélection et de multiplication des graines les plus productives a considérablement appauvri cette diversité ! Les grainothèques permettraient ainsi l’archivage, la conservation et la diversification des graines locales.
Imaginer la future Station Climax
Fort de ces apprentissages, les participant·e·s tentent d’imaginer une grainothèque qui s’implémenterait dans la Station Climax qu’ils viennent d’imaginer.Est-ce que tout le monde pourrait y avoir accès ? Comment gère-t-on l’offre et la demande ? Peut-on en faire un usage pédagogique ? Et si on se spécialisait en graines d’espèces dépolluantes ? Un participant en profite même pour demander à échanger une de ses graines avec Vincent !
SAINT-RÉMY-SUR-ORNE | ANCIENNE MINE
Le site de Saint-Rémy-Sur-Orne est une ancienne mine est se caractérise par des sols pollués. Pour les participant·e·s, il s’agit d’une opportunité pour ouvrir la question aux publics en observant l’état des sols et en testant, de façon participative, la phyto-remédiation, une technique de dépollution utilisant les plantes. L’occasion en or de proposer une grainothèque spécialisée dans les graines de plantes dépolluantes, avec des espaces sanctuarisés en bord d’eau pour réaliser des expériences avec les différentes espèces végétales.
CAEN | MUSÉE DE LA NATURE
Le site de Caen, à proximité du Musée de la nature, est proche de la prairie, grande zone humide de la métropole. Pour les participant·e·s, la principale problématique est la place de l’eau et surtout son absorption dans les sols aujourd’hui complètement bétonnés. Et si la Station Climax devenait une zone d’expérimentation de la désartificialisation des sols ? Les habitant·e·s pourrait participer à un chantier participatif pour débitumer le parking tout en observant les effets sur les îlots de chaleur, en mesurant régulièrement les évolutions de températures. A la place du parking pousserait un jardin partagé accompagné d’une grainothèque pédagogique pour en apprendre plus sur les plantes et les espèces nourricières.
SALLENELLES | MAISON DE LA NATURE
En plein cœur de la baie de Sallenelles, la Maison de la Nature donne à voir la richesse de la biodiversité qui s’épanouit dans l’estuaire. Un écosystème amené à évoluer, et que les participant·e·s aimeraient voir observé et mesuré. Pour ce faire, la Station Climax permettrait de partager avec les habitant·e·s et promeneur·se·s des outils de mesure, de photographie ou de comptage pour constituer un observatoire participatif et dynamique de la baie de Sallenelles. La grainothèque viserait avant tout à protéger la diversité des espèces végétales du territoire, et surtout observer et accompagner les différentes migrations attendues suite au changement climatique.
OBSERVATOIRE DE L’ÉTAT DES SOLS
Un bio-indicateur est l’analyse de la présence ou l’absence de certaines espèces dans un milieu afin de donner une indication sur sa qualité. Utilisés pour mesurer la pollution de l’eau, les participant·e·s proposent de s’en inspirer pour mesurer la qualité des sols, et concevoir des mallettes pédagogiques pour permettre au plus grand monde de s’en saisir.
UN BASSIN DE JARDINS PARTAGÉS
Et si tout le bassin versant de l’Orne était couvert par des jardins partagés ? Inspiré·e·s par les formations de Maître Composteurs organisées par l’ADEME, un groupe de participant·e·s imagine une formation similaire pour des grainothécaires, qui travailleraient dans des jardins partagés pour s’assurer de la diversité génétique des espèces végétales du territoire.
