Laboratoire NIMEC , Université de Caen Normandie (IUT GON, Département Carrières Sociales)
Le travail et plus spécifiquement l’employabilité nous concernent tous : personnes, entreprises, acteurs publics et associatifs de l’emploi, territoire…
Intéressé à réfléchir et échanger sur ces sujets, cet atelier a invité à initier une réflexion collective sur le monde du travail en pleine mutation en sollicitant la prospection de soi, le partage de perception, d’attentes et des différents freins potentiellement rencontrés.
Les publics ont participé à construire une entente et représentation commune du travail et de l’employabilité proposés par l’écosystème territorial, en vue d’un accompagnement plus holistique vers un emploi durable, d’un engagement réciproque de la part de l’entreprise et de la personne.
Intervenantes :
Clara AOUN, Maître de conférence en sciences de gestion, Management des Ressources Humaines, UR 969 NIMEC
Malvina ARTHEAU, médiatrice, Artheau Accompagnement
Tirer les fils de notre rapport au travail
Clara Aoun explore la complexité des facteurs qui se jouent dans notre rapport à l’emploi dans le but d’identifier des pistes d’amélioration pour lesquelles tout le monde a son rôle à jouer. Les personnes ayant participé à l’atelier ont ainsi été invitées à partager leur compréhension et leur perception subjectives de leur relation à l’emploi.
De l’introspection à la co-construction
Les personnes participantes ont commencé par explorer individuellement l’ensemble de leurs représentations liées au mot “travail” en réalisant des cartes heuristiques individuelles, elles se sont ensuite penchées sur elles-mêmes, leurs intérêts, leurs compétences, leurs relations, leur identité.
Quel sens donner au travail ?
En petits groupes, les participant·e·s ont ensuite collectivement répondu à la question “Le travail, à quoi ça me sert ?”
Faire la liste des freins pour identifier des actions possibles
Enfin, les groupes ont dressé une grande liste de tout ce qui peut empêcher leur évolution professionnelle et/ou leur bonne relation avec le travail, que ce soit pendant la recherche d’emploi, au moment de postuler ou durant sa carrière, lorsque l’on occupe un emploi. Dans un deuxième temps de nombreuses pistes d’amélioration ont été listées et discutées en groupe complet.
Ma relation et mon rapport au travail
Le rapport au travail, sa perception ou représentation sont subjectifs. Certains éléments nous ont marqués et concernent les représentations de certains jeunes en insertion sociale et professionnelle, pour qui le travail est à double tranchant. Le travail est synonyme de négativité : “contraintes, capitalisme, une obligation pour avoir un revenu et vivre, stress, fatigue, pénibilité” ; mais aussi d’espoir et de réalisation de soi “d’épanouissement professionnel et intellectuel”. Le travail est synonyme de “partage, communauté, apprentissage, défi, évolution personnelle”, voire de “contribution à la société, d’utilité sociale, d’impact environnemental”. Pour les plus adultes ayant un poste, ces derniers expriment un avis commun concernant le travail qui leur permet de s’épanouir, de se sentir utile, d'avoir de l’argent pour subvenir à leurs besoins et réaliser leurs projets (voyages, achats , loisirs,...), de socialiser, de s’investir et se développer. Le travail est “un chemin”, qui peut mener à “des chemins multiples et de changements de voies”, un chemin d’exploration et prospection de soi et “de remises en questions”. Les termes “contraintes, horaires” sont évoqués à plusieurs reprises, laissant ainsi des questionnements d’ordre philosophique sur les formes de travail possibles dans une société dont les attentes évoluent.
De mon introspection de soi aux freins à l’emploi que je peux rencontrer (accès, maintien, évolution)
Les idées partagées et collectées montrent que les variables défavorables à l’emploi sont de natures diverses et variées. Certaines sont liées au niveau non requis d’expériences, aux diplômes et compétences. D’autres sont liées à la difficulté et la non maîtrise des démarches de recherche d’emploi (rédiger un CV, trouver les offres d’emploi, passer un entretien d’embauche), voire à des freins liés à l’estime et/ou la confiance en soi, à une certaine peur de l’échec… Des points marquants ont été soulevés chez les jeunes : - le besoin de se connaître, de connaître les métiers et le monde de l’entreprise ; - avoir le permis de conduire ; - les exigences accrues des employeurs ; - la discrimination sur le marché de l’emploi (handicap, personne issue d’un pays étranger, etc.) - autres freins périphériques à l’emploi : casier judiciaire, logement, moyens de transport, … Les jeunes évoquent un besoin d’accompagnement renforcé leur permettant d’être dans le monde du travail. Quant aux adultes, une personne partage un frein lié au bassin de l’emploi : des opportunités rares. La non adéquation entre les valeurs personnelles et les valeurs organisationnelles et la mauvaise ambiance au travail constituent un point convergent dans les différents ateliers, partagés pour tous les âges.
Le management des personnes : facteur d'insatisfaction et/ou de satisfaction au travail
Des échanges longs ont eu lieu autour du management au travail : le management de proximité et le management RH. Au-delà du processus de recrutement perçu comme “chronophage”, viennent d’autres problématiques qui touchent la personne et l’humain. Il s’agit du manque de considération et de la reconnaissance, d’un sentiment d’injustice et d'équité perçu. Ce qui interpelle la posture et les aptitudes du manager à gérer et accompagner son équipe. Le sens au travail est au cœur des débats dans les entreprises : utilité, intérêt, ennui, tâches répétitives, manque de stimulation … . Des points d’amélioration sont évoqués et concernent le management des Ressources Humaines (politique de formation, gestion des carrières), la flexibilité des horaires grâce à une relation basée sur la confiance, la formation et l'accompagnement des managers à exercer leur rôle.
Vers de nouvelles pistes prospectives d’un management humain au travail
Ces résultats nous mènent à nous interroger, en tant qu’enseignante-chercheuse, sur les programmes de formation en management qui devraient prendre en compte cette complexité du monde du travail et aller vers une interdisciplinarité ; ainsi que le rôle de chercheur·euse engagé·e auprès des acteur·ice·s pour sensibiliser sur ces sujets. En effet, les personnes sont en quête de sens au travail, d’adéquation entre valeurs personnelles et valeurs organisationnelles, d’adéquation entre centres d’intérêts, personnalité et nature ainsi qu’environnement de travail. Le confort, la reconnaissance, la flexibilité des horaires et du lieu du travail et l’accompagnement managérial sont des réels besoins à prendre en compte et à creuser dans les recherches. Les phénomènes émergents de burn-out, du bore-out (épuisement par l’ennui) et du brown-out (perte de sens) nous amènent à élargir le champ de nos recherches vers plus d'interdisciplinarité en embrassant la complexité des sujets liés à l’emploi et au travail.
BISSONNET Alexandre
BRIÈRE Philippe
EL KHADIRI Yasmina
GUILLET Tatiana
KOHZAD Amena
LAFFARGUE Anouk
LECARPENTIER Anne
MARTIN Antoine
NOVYTSKA Larysa
PAUMIER Catherine
REYBEROL Baptiste
FEREY Cassandra
MACHEFERT Thierry
PITISI Serena
VOISIN Marie