Agence nationale de la Recherche, Institut Convergences Migrations, Paris Public Health, Inserm
Centre Population et Développement (Ceped) - Université Paris Cité / Inserm / IRD
9/04/24
On connait encore trop peu les conséquences sur la santé du travail à vélo. Les effets sur la santé physique, mentale et le bien-être dépendent sans aucun doute des spécificités de chaque métier et du modèle économique adopté (coopératives de cyclologistique, grandes plateformes numériques de livraison de repas, etc.).
Les coursiers des plateformes numériques de livraison de repas sont particulièrement exposés aux risques professionnels et psychosociaux délétères pour leur santé physique et mentale. Bien que cette exposition semble être d’autant plus forte parmi les travailleurs immigrés sans titre de séjour, peu de données permettent d’objectiver cette réalité. Nous essaierons lors de cet atelier participatif d’aider à comprendre et co-construire un programme d’accompagnement sanitaire auprès des livreurs à vélo, avec une attention particulière portée aux enjeux spécifiques des travailleurs sans-papiers.
Cette problématique est soulevée par le projet de recherche participative SANTE-COURSE, porté par l’équipe Inserm du Centre Population et Développement (Ceped). Ici, l’objectif général est d’évaluer, puis prévenir, les risques professionnels et psychosociaux auprès des coursiers des plateformes numériques de livraison de repas. Une des hypothèses principales est, que ce type de travail tend à attirer des personnes initialement en meilleure santé (on parlera d’effet de sélection), mais qu’il les expose à une dégradation rapide de leur santé, du fait d’importants risques professionnels et psychosociaux. Lors de cet atelier, les personnes participantes seront en premier lieu invitées à réfléchir et proposer des solutions à ces questions, en se basant sur leurs connaissances et expériences en tant que coursier, professionnel du vélo, client passant par les plateformes numériques de livraison de repas, ou personne mobilisée autour des conditions de travail et de vie des coursiers et/ou des migrants. Cet atelier sera également l’occasion de mieux connaître les risques emploi-santé dans les métiers à vélo, le vécu de ces travailleuses et travailleurs, et leur exposition aux risques psychosociaux.
Intervenant·e·s :
BOUSMAH Marwân-al-Qays – chercheur en sciences sociales de la santé, coordinateur du projet SANTE-COURSE – Rachid Amoura (chargé de mission Pays de la Loire pour les Boîtes à Vélo) – Antoine Gros (co-gérant de ToutEnVélo Caen)
Alexane Pincedé, Nèle Rivoal, Lila Gence, étudiantes du master IMST, Université de Caen
PRÉSENTATION DE L'ATELIER
Lors de cet atelier, qui découle directement d'un projet de recherche en lien avec le Ceped, les participant·e·s ont découvert les enjeux et les conséquences autour de la santé du travail à vélo, notamment dans un contexte de modèle économique type plateforme numérique (livreurs UberEats etc). Iels ont été invité·e·s à penser ensemble des solutions et des pistes de réflexion afin d'enrichir la recherche autour de ces questions.
PREMIER COUP DE PÉDALE
Après avoir émargé et pris connaissance de la disponibilité de badges no-photo, les participant·e·s ont pu récupérer une carte de jeu (trèfle, pique, carreau ou cœur) associée à leur nom et s’installer librement autour des quatre tables de l’atelier. La carte de jeu, elle, reste au fond de leur poche pour le moment… affaire à suivre !
Bien évidemment, un petit rappel des règles de bienséance et de bienveillance est toujours le bienvenu en introduction, et cet atelier n’y a pas fait pas exception.
Une brève présentation du Dôme et du TURFU festival a suivi, ainsi que celle des médiatrices du jour et du chercheur (Nèle, Alexane, Lila et Marwân-al-Qays Bousmah).
Sont venues ensuite dix minutes d’icebreaker, durant lesquelles chacun·e était libre de remplir une feuille en forme d’alvéole (c’est-à-dire un hexagone), en se servant de magazines à découper et de matériel créatif, en s’inspirant de ce que lui évoquaient les métiers à vélo en général.
LA TÊTE DANS LE GUIDON
Toutes les alvéoles ont été mises en commun et accrochées sur un panneau en liège, et une synthèse des idées exprimées a été effectuée de manière collective afin de définir les thématiques de réflexion de la partie “SE REMETTRE EN SELLE” (affaire à suivre là aussi !).
Les participant·e·s ont également été invité·e·s à prendre la parole au sujet de leurs alvéoles s’iels le souhaitaient. Rachid Amoura, de l’association Les Boîtes à Vélo, et Antoine Gros, du réseau de coopératives ToutEnVélo, ont ensuite fait honneur à cet atelier en présentant rapidement leurs activités et rôles respectifs au sein du paysage de la cyclologistique à Caen.
Marwân-al-Qays Bousmah a pris le relais en proposant une feuille de route plus détaillée de son projet de recherche, en lien avec le Ceped, dont découle l’atelier.
L’atelier s’est poursuivi avec un world café (une sorte de roulement de table ronde), pour lequel chacune des quatre tables était associée à la fois à une carte de jeu (vous vous souvenez, pique, carreau, trèfle, cœur ?) et à une question préparée en amont de l’atelier parmi :
- Si vous deviez refaire votre alvéole maintenant, après avoir regardé la vidéo, la feriez-vous différemment ? Selon vous, quelle est la journée type d’un livreur ?
- Quels sont les éléments des présentations du début d’atelier qui vous paraissent intéressants ?
- Selon vous, quelle est la chose qui a le plus d'impact sur la santé physique et mentale des livreurs et des coursiers à vélo ?
Une séquence de débrief et dialogue communs a succédé à ce world café.
SE REMETTRE EN SELLE
À la suite d’une pause bien méritée, les participant·e·s ont découvert l’initiative de la Maison des Coursiers de Paris via une courte vidéo réalisée par Le Parisien. Puis, alors emplis d’inspiration et d'idées fourmillantes, iels ont pu à nouveau se rassembler autour des tables pour un second temps de brainstorming autour des solutions envisageables et/ou applicables au regard des problématiques évoquées tout au long de l’atelier.
Là encore, une thématique était attribuée par table, cette fois découlant directement de la synthèse des alvéoles et donc non sélectionnée avant l’atelier. Un poster a été réalisé par groupe de réflexion, sous une forme se rapprochant d’une carte mentale.
MOUILLER LE MAILLOT
Enfin, avant une brève introduction aux open badges, des membres de chaque table ont eu l’immense privilège de présenter le poster de leur groupe aux autres participant·e·s. Évidemment, la parole était libre et les échanges encouragés autour de toutes les idées et solutions à proposer !
ALVÉOLES
Durant le temps d'icebreaker, chacun·e était libre de remplir une feuille en forme d’alvéole (c’est-à-dire un hexagone), en se servant de magazines à découper et de matériel créatif, en s’inspirant de ce que lui évoquaient les métiers à vélo en général. Les alvéoles ont relevé différentes thématiques qui vont de la simple utilisation d'un vélo comme mode de transport écologique à des difficultés sociales et de santé de certains métiers à vélo.
POSTERS WORLD CAFE
Par le choix de questions avant l’atelier et à l’aide du porteur de projet, des posters ont été réalisés sur les réponses de quatre différents groupes de débat à celles-ci. Ces questions entouraient globalement le métier de livreur à vélo, le but étant de proposer des points négatifs et positifs sur les questions évoquées et d'ouvrir à d’autres thématiques via ces dernières.
Ici les participant·e·s ont pu évoquer les problèmes de santé physique (accidents de la route, intempéries...). Les pistes de thématiques soulevées ont reposé aussi sur la rémunération des livreurs alimentaires, leurs horaires, et les difficultés du modèle de plateforme numérique (algorithmes et dérives). Durant ces temps d'échanges, il était aussi question du genre dans le métier, qui est en effet majoritairement réalisé par des hommes , d'où l'emploi du mot livreur plutôt que livreuse.
POSTERS TABLES RONDES SOLUTIONS
Des problématiques plus larges ont été ressorties des alvéoles et un travail de groupe a été réalisé pour fournir un autre poster remettant les problèmes à plat, puis des pistes de solutions associées, ainsi que les causes possibles et le rôle des différents acteurs et actrices concerné·e·s (consommateur/consomatrice, gouvernement, plateformes...) vis-à-vis des problèmes rencontrés.
DES PARTICIPANT·E·S MOTEUR DE L'ATELIER…
Durant les temps de parole, des débats collectifs étaient possibles, ce qui a permis d’améliorer et enrichir des idées et d'amener différents points de vue. Ainsi, l'ambiance générale et l'investissement des participant·e·s ont réellement pu être considérés comme productions de l'atelier, mais aussi et surtout comme moteur de son bon déroulé.
... ET MOTEUR DE LA RECHERCHE !
Les objectifs de notre porteur de projet ont été remplis ! Pour lui, de nombreuses idées inspirant des questionnaires, des actions, des thématiques de recherche ont émergé de cet atelier. L'ensemble des productions abordées précédemment ainsi que des notes prises durant les temps de parole ont été donnés au chercheur pour une seconde analyse dans un prochain temps, tout autant que pour la suite de son travail.
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